Présentation
Anne-Josèphe Terwagne, alias Théroigne de Méricourt, est une fille de paysan aisé, elle connut pourtant une enfance malheureuse : sa mère meurt alors qu’elle n’est âgée que de cinq ans et elle est élevée par une tante puis placée dans un couvent. Maltraitée par sa belle-mère à son retour, elle s’enfuit, vagabonda et exerça divers métiers. A seize ans, elle apprit à lire et à écrire et à lire la musique. Ayant eu divers amants dont un marquis, elle bénéficia d’une rente confortable et fut remarquée à Paris sous le nom de Madame Campinado. Elle voyagea, notamment en Italie, et revint se fixer en France en mai 1789.
Dès le début de la Révolution, elle s’enthousiasma pour l’ « aurore des temps nouveaux ». A partir de juillet 1789, elle assista régulièrement aux débats parlementaires et entreprit de jouer un rôle dans ces événements sans précédent. Elle se rendit à la cérémonie de réception du roi à l’Hôtel de Ville, le 17 juillet : pour la première fois la presse signale qu’elle portait le costume d’amazone qui devait entrer dans la légende. En novembre, la presse royaliste lança contre elle une violente campagne. Elle se lia avec de nombreux révolutionnaires dont Marat et Chalier et tenta de se faire admettre aux Cordeliers mais elle n’obtint pas satisfaction.
A la suite de faux témoignages, elle se trouva menacée de prise de corps et quitta la France pour le Brabant. Dénoncée comme révolutionnaire, elle y fut enlevée puis transférée à Vienne. Libérée, elle rentra à Paris début 1792. Le 1er février, elle sera reçue triomphalement aux Jacobins et appela à la guerre contre l’Autriche. Elle fit campagne auprès des sociétés populaires et demanda la création de bataillons féminins d’amazones. En mars, elle rassembla des femmes au Champ-de Mars et les harangua, puis prononça un discours à la Société fraternelle des Minimes, où elle s’écriait : « Armons-nous ! Nous en avons le droit par la nature et même par la loi. Montrons aux hommes que nous ne leur sommes inférieures ni en vertu, ni en courage : montrons à l’Europe que les Françaises connaissent leurs droits, et sont à la hauteur des lumières du dix-huitième siècle, en méprisant les préjugés, qui par cela seul qu’ils sont préjugés, sont absurdes, souvent immoraux, en ce qu’ils nous font un crime des vertus ». Sa prise de parti pour la guerre la rapprocha des Girondins, mais elle conserva toujours des liens avec les Montagnards.
A nouveau victime d’attaques de la presse royaliste, Théroigne de Méricourt s’engagea activement dans la préparation des journées insurrectionnelles du 20 juin et du 10 août. Le 10 août, elle marcha sur les Tuileries avec les insurgés.
Dès l’ouverture de la Convention, elle recommença à suivre les débats tout en continuant son militantisme. En 1793, elle fit placarder des affiches qui réclamaient une « magistrature de paix » pour les femmes. En mai 1793, elle fut fouettée sur la terrasse des Tuileries par des femmes, admiratrices de Robespierre, qui l’accusèrent d’être « brissotine ». Marat intervint et la protégea, mais trop tard pour lui éviter une humiliation qui la poussa à se retirer de la vie publique.
En juin 1794, elle sera arrêtée. De sa prison, elle écrivit à Saint-Just des lettres où apparaissent pour la première fois des traces de déséquilibre mental. Son frère demanda alors sa mise sous tutelle. Rapidement libérée, elle fut internée en septembre. Le reste de sa vie se passa dans divers asiles et à la Salpetrière à partir de 1807. Elle mourut en 1817.