Présentation
Les femmes de la Révolution sont avant tout des femmes du peuple : tricoteuses, brodeuses, marchandes, ouvrières, révoltées contre la misère, l’insolence et les privilèges. Peu d’entre elles ont conscience d’un combat pour les droits de leur sexe. Seules quelques marginales, vite persécutées, donnent à leurs actes une dimension proprement féministe.
Les femmes attendent beaucoup de la Révolution et expriment leurs revendications par écrit au travers de pétitions, adresses et cahiers de doléances. Leurs revendications portent sur des problèmes auxquelles elles sont habituellement confrontées : absence d’instruction, mortalité en couches, droit d’exercer un métier, protection des travaux féminins. Les revendications touchant aux droits politiques sont rares car rares sont celles qui ont conscience de leur importance.
Bien souvent les femmes ne restent pas inactives et n’hésitent pas à passer à l’action : le 5 octobre 1789, les femmes constituent l’essentiel du cortège qui marche sur Versailles. Durant l’ensemble de la période révolutionnaire, elles occuperont la rue et appelleront les hommes à l’action.
Bien que très actives, elles demeurent cependant exclues des associations révolutionnaires, de la garde nationale, des comités locaux et des associations politiques. Ne pouvant prendre part aux délibérations des assemblées politiques, elles prennent place dans les tribunes ouvertes au public et assistent aux débats. On les surnomme les « tricoteuses ».
Exclues des assemblées, elles se regroupent parfois en clubs à Paris comme en province. A Paris, la « Société Patriotique et de Bienfaisance des Amis de la Vérité » (1791-1792), fondée par Etta Palm plaide pour l’éducation des petites filles pauvres puis réclame le divorce et les droits politiques. A l’inverse, dans les milieux dirigeants, les femmes tiennent « salon ». Les plus connus furent ceux de Mme Roland ou de Mme de Condorcet. Lieux d’échanges et de réflexion, les salons jouèrent un rôle important sous la Révolution.
Les plus virulentes de ces femmes firent peur aux révolutionnaires de sexe masculin comme par exemple le 18 novembre 1793, où une délégation de femmes coiffées du bonnet rouge, conduite par Claire Lacombe, investit le Conseil Général de la Commune de Paris. Par la suite, la Convention décrétera l’interdiction de tous les clubs et sociétés de femmes. Celles-ci n’auront bientôt même plus le droit d’assister aux réunions politiques et elles se voient ainsi exclues des affaires de la cité.
Cependant, la Révolution a reconnu aux femmes une personnalité civile qui leur était jusque là refusée. Elles ont acquis une stature citoyenne : elles sont devenues des êtres humains à part entière, capables de jouir de leurs droits. Avec la Déclaration de 1789, les femmes sont libres de leurs opinions, de leurs choix. La Constituante favorisera l’émancipation civile des femmes en décrétant l’égalité des droits aux successions et en abolissant le privilège de masculinité. La Constitution de 1791 définira de façon identique pour les hommes et les femmes l’accession à la majorité civile.
Parallèlement, la Révolution délivrera les jeunes filles de la tutelle paternelle : celles ci seront désormais libres de se marier ou non, et d’épouser qui elles veulent. Les grandes lois de septembre 1792 sur l’état civil et le divorce traitent à égalité les deux époux.
Pour approfondir :
- Dominique GODINEAU « Citoyennes tricoteuses, les femmes du peuple à Paris pendant la Révolution », Edit. Alinea (1988)
- Annette ROSA « Citoyennes- Les Femmes et la Révolution Française », Edit. Messidor (1988)
- Olivier BLANC « Marie-Olympe de Gouges, une humaniste à la fin du XVIIIème siècle », Edit. Viénet (2003)
- Thierry BOISSEL « Sophie de Condorcet », Edit. Presses de la Renaissance (1988)
Femmes de la Révolution
Femmes de la troupe Carmagnole LIBERTÉ
Voir la page « Portraits Révolutionnaires » .